Textes

Un Extrait de caudal, éd. Flammarion, mars 2013

mot beau gemmation. genovesa terre, volcanique aux oiseaux
Darwin vint sur ces îles il prélevait

plaie face. suture fil 6.0 1 point. l’angle en cause
simultanée la petite plaie punctiforme de nin-nin au front

faite pour le vol voleuse elle avait un bréchet
les muscles s’y rattachent, les pennes

*

champ d’âcre azote : systématiquement sexuer
le neutre et suivre. mes règles de grammaire
dys, concorde les temps, trouve au vers insécure

a clos la veine ombilicale la pince de Barr que j’ai d’elle
ni son bracelet de naissance
perdu chat bleu partout j’ai cherché pour elle la perte est moins
sévère que s’elle s’était agit de nin-nin – la perte est pour moi

*

granite île bat contre la mer elle s’expose à ça. qui vient la heurter
après l’eider jeter mon chant. mon propre système lacustre dans la région du
Saimaa.
les hareldes en bande, après eux ce chant entre Moumine, pas haussé, au cercle
des sois-mêmes

sans objet en finnois à cause de l’absence
des pronoms et des genres

*

l’invention d’un neutre il ne dériverait pas d’un des pronoms
équivaudrait au it : al fut un temps est une réponse
motivée par rapport à la question de la prééminence du genre.<
quel accord mais, mettre

Artémisia la peintre.
ses poches de fraies de mille œufs lourdes

*

anges de Mons au côté j’entre, dans la forêt

elle existait un corps avant que le corps humain ne devienne plus moderne
demain je fus – inattendue jamais en phase,
c’est d’être peur car j’avais pris l’inquiétude de jouir

ses mortes reviennent, pépé / mémé. leur actualité ne fait aucun doute
elle sacrifie la belle résonance en or / les morts à sa grammaire

*

akènes. regroupés en glomérule
trois aires de répartition du fantastique le lit,
la maison, la forêt. à lui seul un platane

comment construit-elle sa singularité grammaticale comment face
à une norme mâle de la langue
la langue la baigne, elle baigne ma fille
ta moi et ma moi comment cela aussi dans l’échange quand je la désigne
en disant

*

toi c’est moi, c’est ta moi à toi

la stoppe en pleine phrase le point, la virgule ou
– que les ruptures brusquent –
a lectrice ne peut plus s’éclipser (nos éclipses naturelles de lecture

durant lire les aléas.
où que j’aille l’intense angoisse persécute. d’apnées peu,
d’immersions. je lis en levant les yeux souvent

*****

Un extrait de La Nue-bête qui vient de reparaître aux éditions de L’Amandier.

 O val

l’origine est perdue
reste les
trajectoires
d’un point de naissance (qui n’est pas
l’origine mais l’indice)
à un
point de mort Origine
douteuse O trou serrure puits sexe imaginant
sa propre mort étranglée
entre les cuisses son visage d’huile
en état de tension verticale jusqu’à la rupture

*

relativement à l’homme il est
à tous les diables                        si avancé dans sa saison
si          loin retourné à sa terre natale
qu’il n’en saille au mieux que les fémurs
des vases et de la chaux pareils
au squelette de l’arbre
il faut dire la peau du lac ôtée
avec la chair (je me la rappelle palpitante
à consistance de méduse) la crevasse
en chemin        tout paysage
porte à croire une source quelque part des
fragments d’eau bleue
.                                              ici
rien
qu’un épuisement de la pensée
j’expérimente
m’aidant du vide
l’incongruité de cela : mon corps marchant
au fond du lac rompant la croûte
poussant devant soi méandreuse comme une ronce
l’ancienne voie

*

la terre garde la pause et les souvenirs
sont là il n’y a qu’à les voir
attaquer l’os après la chair
comme ils vont vite en besogne – gracieux
.            et conformes à l’esprit

*

ce ne peut être qu’ici        le lieu
.   – enveloppe et organe –
avec pour motifs un champ
un ciel poussé par le vent une infinité
de ciels cousus comme en-bas
les champs
qui sans se déchirer
s’accordent à dériver ensemble
avec pour motif un plan d’eau
énigmatique et
simple
.          reposoir

*

là-bas une rafale soudaine blanchit la surface
va court
retourne la lumière         parler de ces paysages fuyants
bavant leurs couleurs aux portières
et cet endroit de mémoire qu’on savait sien avant de l’aborder
désigné du doigt derrière la vitre
prenait le bas du ventre
                                 urgeait
l’appétit de cette herbe-ci       forcément plus copieuse
et douce
ma robe et ta peau – je les voyais
de la même étoffe           s’assombrir ou s’illuminer d’une éclaircie
selon le récit de la nue
.          la terre changeait d’épaule

*

.        entre les bras noués lâches
les herbes les cailloux les imperfections du sol bouclés
dans cet espace photographique
l’enlacement flexible fenêtre donnant sur la présence au lieu
s’éprouve bien sûr lui comparer la hantise
l’affirmation voilée
je parcours tout ensemble le soir et le matin
réunis dans ma chambre claire me vient à l’esprit
qu’il ne se peut de proximité plus grande
qu’entre les bras ce petit ovale de terre usé par l’œil et le frottement
de la joue

*

le cercle du lieu à peine refermé
on se laisse aller à
.          presser fort sa bouche ses seins
qu’il en pousse à foison en remonte
de plus loin que la terre dans l’ouverture même
vider son vagin de l’air de l’écho
du foutre de l’amant (penser à part soi « je remplis l’auge de mon corps
de ma seule présence                 j’écarte les animaux »)
qui fait qu’un lieu nous cède
aveuglément – sinon rien – ses souvenirs corporels
et ses tournures
sans nous dépayser jamais puisqu’aussi
nous y sommes
pour quelque chose

Etang de Villeneuve – Lac de Pannecière juillet – août 2001

*****

A propos de la question en débat actuellement sur le genre dans la langue, de la visibilité du féminin, un extrait du Mythe de soi in La Femme lit (Flammarion 2009) :


si les deux groupes nominaux sont de genres différents, l’adjectif attribut se met au féminin pluriel. même chose concernant l’accord du participe passé
employé comme adjectif
les pronoms possessifs démonstratifs COD COI s’adaptent

certains noms puissants être / sexe / corps / désir s’ils sont d’une femme ont leur
adjectif au féminin. le reste de la construction suit le cas échéant

en découlent soi et on féminines au sens large
qui ne représentent plus seulement la locutrice elle-même, mais la locutrice et le
groupe auquel elle appartient et au-delà
une sororalité apparaît tout à coup dans la langue

substitution du sujet grammatical d’usage ; à ce poste cependant elle non moins arbitraire
elle neige / elle y a / elle faut que j’aille troublante inhabituelle

*

l’usage a érodé il (neutralisation). elle résolument sexuelle on dirait

nous / vous / ils le masculin pluriel a submergé.
elles s’aiment encore pourtant. comment signifier que elles comprend il alors qu’on
subodore la présence de elle dans ils
rien ne prouve qu’elle s’agisse d’une femme et d’un homme – le contexte bien sûr.
et la coutume

la la prenant avec violence. telle chose à cette femme
au fait, l ’ exquis d’ambivalence

elle y a nécessité à ce que j’existe visiblement à l’intérieur du texte, à m’emparer à
mon tour de ma langue

*

je tâche de récupérer ce qui a sombré dans le grand tout masculin ; renflouer serait
assez juste
mais l’occasion est rare et fabriquer des situations outrer le principe ne m’intéresse pas
la langue telle que conçue des hommes se défend avec subtilité – les liens subtils –
souvent l’opération s’avère impossible
à cause du démaillage entraînant (débandade de la langue

sur la tombe des miennes / hommage aux miennes mortes (aïeux aïeules)
j’en userai dans un roman jusqu’à l’accoutumance, jusqu’à ce que la lectrice (terme
générique) s’accoutume
à ce stade les parenthèses ne seront plus nécessaires à la compréhension

à coup sûr intraduisible

*

on la la arrache. il n’y a pas d’objet à chercher
en dehors d’elle, pas de contexte elle est son propre objet qu’on saisit
à elle-même
vision de moi en crâne cette nuit-là

nommer ne me prive pas du monde, ne m’évince pas
de la jouissance

le vers-fleuve somptueuse longe filée au cours du même souffle

absence de diane à l’arc solitude et sans arme dans le bois inouï
pas de virgule d’un seul tenant. autosuffisance de ce vers seul étale e apparence
mais dont c’est la tension

stridence des martinet. serrement
été décline par le seul expédient d’arômes sures de fruits
ouvertement bien qu’il faille s’approcher

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